Y a-t-il une mémoire du sang? Se peut-il que reste le souvenir, quelque part sous ma peau, de ce que mes ancêtres rouges ont enseigné à mes ancêtres blancs? Et cette Anna Shuah, la première, l’Abénakise, ancêtre de tous les Otis du Québec, de qui je descends aussi par ma mère, m’a-t-elle légué cet amour fou que je porte aux arbres? D’où me vient ce ferme sentiment d’appartenir à la Terre, d’être indissociable d’elle? À chaque retour du beau temps je retrouve le rythme de la cueillette comme un retour à la vérité du vivant. Le temps des têtes de violon est court. Je surveille les bourgeons d’épinette: ils seront prêts bientôt et feront durant l’hiver de bonnes tisanes contre le rhume.
Auteur : Marie Christine Bernard
Pour Élie, en ce 8 mars 2017
Je veux que tu te souviennes toujours du courage de ton arrière-grand-mère, de la persévérance de ta grand-mère et du front de boeuf de ta marraine. Tu les as en toi, et doublement, parce que les mêmes qualités, tu en as aussi hérité de ta propre mère.
Inventaire
J’ai fait un inventaire. Un inventaire qui, à mesure que je m’en énumérais les éléments, devenait de plus en plus cuisant. Et je me disais, effarée devant la longue de la liste, qui n’est pourtant pas du tout exhaustive: si je porte tout ça, malgré mon statut d’enfant gâtée, qu’en est-il de celles qui n’ont pas eu la même chance que moi?
Petite petite région du sud du Nord
Ton racisme me dégoûte. Le racisme, c’est laid, c’est bas, ça pue. J’en parle maintenant, je vais en parler encore, sur toutes les tribunes que je pourrai occuper et dans tous les langages que je peux utiliser.
Jamais je ne t’oublierai
Ô mon Québec, comme je t’aime. Comme je t’aime, et j’ai la gorge serrée en te disant cela. J’ai la gorge serrée parce que j’ai peur. Il y a longtemps que je t’aime, Québec, mais maintenant tu me fais peur.
La seule chose
Merci, les cocos. Je vous aimerai toujours. Et c’est pour vous, chaque matin, que je me lève pour me rendre dans ce collège où je vous retrouve. À vous que se suis loyale. Toujours, sans faillir. Parce que vous êtes la raison de ma présence dans ces murs, et parce que je vous dois, à vous, la seule chose au monde que je puisse donner sans compter: moi-même.
Le droit à l’éducation pour tous?
À monsieur Martin Coiteux, Président du Conseil du Trésor Le 10 décembre, c’était la journée mondiale des droits de l’homme. L’un des droits fondamentaux reconnus par tous les pays qui adhèrent à la déclaration de l’ONU est le droit à l’éducation. Ce jour-là, la courageuse jeune Malala recevait le prix Nobel de la Paix parce qu’elle défend, envers et contre tout, le droit à l’éducation pour tous. Chez nous, la question ne se pose pas, n’est-ce pas? Tout le monde a droit à l’éducation. Tout le monde est même OBLIGÉ more »
Où es-tu?
Je m’appelle Lisa ou Kathia ou Stéphanie ou Tracy ou Alice. Je ne saurai jamais ce qui est arrivé à ma soeur. Je ne saurai jamais non plus ce qui est arrivé aux quelque 1200 comme elle, disparues ou assassinées. Mais je sais ce qui est arrivé à leurs familles. Oh oui. Ça, je le sais.
Ici Radio-Nulle Part
Voilà pour le public, qui prendra, comme d’habitude, son amère pilule, et devra se résigner à vivre dans des régions plus éloignées que jamais, où l’on entend les nouvelles sur le trafic de Montréal même si on vit à 1000 km de là. On se rabattra alors sur les radios privées pour entendre parler de chez soi? Mais de quelle culture nous entretiendra-t-on?
Cartes postales de l’envers
Entre la mer et la toundra, nous avons trouvé du thé du Labrador. Le brûleur de camping et la petite cafetière ont pris du service. Nous l’avons bu à petites gorgées en nous lisant des poèmes de Joséphine Bacon tandis que nos cheveux dansaient, libres, avec le vent.